Warren Buffett, souvent surnommé l’Oracle d’Omaha, a pris récemment une décision qui a secoué Wall Street : il a commencé à réduire drastiquement la part d’Apple dans le portefeuille de Berkshire Hathaway. Un choix qui interroge, sachant qu’Apple a longtemps représenté la pierre angulaire de ses investissements. Pourtant, en 2025, cette manœuvre n’est pas survenue sans raisons. Entre une dynamique boursière peu enthousiasmante, des résultats financiers à double visage, et des enjeux technologiques et géopolitiques, le désengagement de Buffett cache bien plus qu’une simple rotation de portefeuille.
Réduire massivement les actions Apple : le virage stratégique de Berkshire Hathaway
Depuis le dernier trimestre 2023, Berkshire Hathaway a entamé une réduction significative de ses positions dans Apple, un mouvement qui s’est accéléré au second trimestre 2025. Anciennement détenteur de plus de 900 millions d’actions, le conglomérat d’investissement de Warren Buffett n’en possède plus qu’environ 280 millions aujourd’hui. Cette baisse importante a ramené Apple de plus de 50 % à environ 21 % du portefeuille public de Berkshire, signe d’une réorientation majeure.
Ce changement s’inscrit dans une stratégie plus large visant à renforcer la trésorerie de Berkshire, aujourd’hui estimée à près de 344 milliards de dollars, une somme colossale qui témoigne d’une prudence accrue vis-à-vis du marché boursier. En d’autres termes, Buffett ne se débarrasse pas seulement d’actions Apple, il liquéfie aussi une partie conséquente de ses capitaux, une posture qui peut traduire une volonté d’attendre une meilleure configuration ou d’investir dans d’autres secteurs jugés plus opportunistes.
- Réduction de la participation Apple depuis le T4 2023
- Maintien d’Apple comme principal actif, mais à un niveau réduit
- Augmentation significative de la trésorerie disponible
- Signal fort adressé à Wall Street quant aux perspectives immédiates
Cette décision s’inscrit aussi dans une logique de diversification du portefeuille, Buffett ayant récemment accru son exposition à des secteurs comme la santé et l’énergie renouvelable, considérés comme plus résilients face aux aléas économiques actuels.

Des résultats financiers mitigés qui érodent la confiance en Apple
Apple a publié au troisième trimestre fiscal 2025 des résultats supérieurs aux attentes : un chiffre d’affaires de 94 milliards de dollars et un bénéfice par action de 1,57 dollar dépassant largement les prévisions. Une performance portée notamment par un bond de 13 % des revenus de l’iPhone, facteur clé dans la consolidation des ventes totales à +10 % sur un an.
Ce coup d’éclat masque toutefois un contexte plus complexe. Sur les trois dernières années, la croissance globale des revenus d’Apple n’atteint que 4 %. Cette croissance modeste contraste avec celle d’actions concurrentes telles que Microsoft, qui affiche un bond de 39 % sur la même période. La performance trimestrielle exceptionnelle pourrait bien être le fruit d’achats anticipés liés à des changements tarifaires ou à d’autres événements ponctuels, plutôt qu’une tendance durable.
- Résultats trimestriels surpassant les attentes en 2025
- Croissance globale annuelle faible sur le long terme
- Comparaison défavorable avec des concurrents comme Microsoft
- Impact probable des achats avancés et des circonstances exceptionnelles
Le bilan financier incertain d’Apple pourrait expliquer partiellement pourquoi Buffett semble vouloir se prémunir d’une possible instabilité future de ses rendements. Une prudence d’autant plus justifiée que l’entreprise doit continuer à innover dans un marché saturé pour maintenir son leadership.
La course à l’intelligence artificielle : un retard alarmant pour Apple
Alors que la révolution de l’intelligence artificielle (IA) bouleverse le secteur technologique, Apple s’est jusqu’ici montré plus discret dans ce domaine. Contrairement à Alphabet ou Microsoft, qui misent gros sur l’IA, Apple n’a pas encore dévoilé de solutions marquantes. Son « Apple Intelligence » peine à s’imposer comme un vrai moteur de croissance, et la sortie de nouvelles fonctionnalités IA, comme un Siri réinventé, est repoussée à 2026 au plus tôt.
Les ambitions tardives dans ce secteur crucial pourraient peser sur la perception des investisseurs, qui s’inquiètent de la capacité d’Apple à rester compétitive face à des rivaux déjà avancés. Le poids de cette technologie transversale dans la myriade de services smartphones et cloud est devenu un facteur déterminant, particulièrement sur le Nasdaq où ce genre d’innovation est scruté de près.
- Absence de percée majeure dans l’IA en 2025
- Lancement différé des innovations IA, notamment Siri
- Concurrence accrue de Microsoft et Alphabet dans le secteur
- Risque pour Apple de perdre son statut de leader technologique
Cette situation met en lumière un paradoxe : Apple dispose d’une grande base d’utilisateurs et de solides fondations technologiques, mais ne semble pas exploiter pleinement cette avance dans la course à l’IA. Ce moment d’incertitude pourrait bien contribuer à la décision de Berkshire Hathaway de réduire ses positions.
Les difficultés en Chine : un catalyseur inattendu des ventes d’actions
La Chine, terrain historiquement crucial pour Apple, est devenue un point de fragilité. Malgré une croissance des ventes de 4 % lors du dernier trimestre fiscal, ce chiffre est artificiellement gonflé par des subventions gouvernementales encourageant l’achat des produits Apple. Les trimestres précédents ont connu des reculs de 2 % et 11 % respectivement, signe d’une perte progressive de terrain face aux marques locales.
Les tensions géopolitiques et commerciales entre la Chine et les États-Unis ont compliqué la chaîne d’approvisionnement et imposé de nouveaux droits de douane, pesant sur la rentabilité. Apple, bien qu’ayant promis un investissement massif de 600 milliards de dollars pour relocaliser sa production en Amérique, demeure fortement dépendant des usines chinoises. Cette dépendance expose le groupe à des risques macroéconomiques et régulatoires.
- Ventes en Chine influencées par des incitations gouvernementales
- Baisse des parts de marché face aux fabricants locaux
- Impact négatif des droits de douane et tensions US-Chine
- Dépendance persistante aux sites de production chinois
Ces éléments freinent la dynamique boursière d’Apple et représentent un facteur non négligeable dans la réflexion stratégique de Warren Buffett. Il s’agit d’un exemple pertinent des risques liés à une entreprise même leader dans son domaine, lorsque les complexités géopolitiques entrent en jeu.
Une démarche pragmatique de Warren Buffett dans un contexte technologique mouvant
Au-delà des simples chiffres, la démarche de Warren Buffett reflète une approche prudente et lucide face à un univers technologique en pleine transformation. En 2025, il ne s’agit pas de renier Apple ni de prédire son déclin, mais plutôt de reconnaître la nécessité d’adapter ses placements face à une réalité économique et technologique complexe.
Connu pour sa patience et son rejet des mouvements impulsifs, Buffett ajuste aujourd’hui ses investissements pour préserver et valoriser au mieux le capital de Berkshire Hathaway. Or, sans une percée immédiate d’Apple dans l’intelligence artificielle, une croissance stabilisée, et une gestion des enjeux géopolitiques, la prudence s’impose.
- Stratégie d’adaptation dans un secteur en évolution
- Probable réallocation vers des secteurs porteurs comme la santé
- Gestion active du risque face aux incertitudes du marché technologique
- Maintien d’Apple dans le portefeuille, mais à un poids moindre
Pour en savoir plus sur ces évolutions et leurs implications pour le marché boursier, vous pouvez consulter cette analyse détaillée ainsi que des perspectives sur la situation actuelle d’Apple.
Questions fréquentes pour mieux comprendre le retrait de Buffett sur Apple
- Pourquoi Berkshire Hathaway vend-il une partie de ses actions Apple ?
Principalement pour diversifier son portefeuille, augmenter sa trésorerie et anticiper des difficultés potentielles liées à la concurrence, la croissance d’Apple, et les risques géopolitiques. - Apple est-elle en déclin après cette vente ?
Pas nécessairement. Apple reste un acteur dominant. Toutefois, ses résultats mitigés et son retard dans certains domaines technologiques justifient une vigilance accrue. - Quelles entreprises profitent de cette rotation ?
Des poids lourds comme Microsoft et Alphabet, notamment en intelligence artificielle, attirent l’attention des investisseurs cherchant des relais de croissance plus dynamiques. - Quel rôle joue le contexte géopolitique dans cette décision ?
Les tensions sino-américaines, les droits de douane et la dépendance aux usines chinoises forcent Apple et ses investisseurs à adapter leurs stratégies, ajoutant de l’incertitude à court terme. - Est-ce le bon moment pour investir dans Apple ?
Cela dépend du profil de l’investisseur. Il convient de suivre les développements technologiques et financiers avant de prendre une décision, en gardant en tête le positionnement stratégique de l’entreprise.